06/12/2013

TEXTE DE BRIGITTE CÉLÉRIER - COUPES CLAIRES - VASES COMMUNICANTS - DÉCEMBRE 2013




coupes claires pour le champagne
effervescence, nez qui pique, yeux qui brillent, soutenir le désir de joie
coupes claires
dans le bois, une clairière pour que nous dansions, et il y aurait des violons, des robes claires devant les feuillages sombres, une grande table sur des tréteaux, des chandeliers et des torches dans la nuit,
et des coupes claires pour le champagne
mais
coupes claires dans notre budget, nous ne pourrons
coupes claires dans nos rangs, nous dépérirons, 
oui, et coupes claires de ces miens mots maladroits, je veux n'y pas penser
moi je veux défendre les arbres, les budgets flasques, les longues phrases sinueuses et sensuelles.

j'efface, je recommence

nous coupons, nous attachons les branches, nous frayons passage, comme un tunnel, dans la masse, la forêt touffue et sombre, les asservissements, les soucis, les règles imposées que ne pouvons combattre, les taillis et les noirs conifères, cognent les haches, vibrent les scies, roulent les troncs, brûlent les feuilles, on traîne les souches, le ciel nous vient, l'azur et les nuages, la lumière descend et baigne le sol.

ce serait un jardin de merveilles comme les clos fleuris des tapisseries, et, s'ils le veulent, viendraient la licorne et la dame, les petits lapins, les paons, des fanions et des sabots, des joueurs de flûtes-à-bec, de bidons, de clarinettes ou de luth et des vielleux, il y aurait des conteurs et des poètes, des petites niches de silence creusées dans le couvert autour de la clairière, des jonchées de feuilles sous les branches.
il y aurait des pâquerettes et des églantines, du lierre pour faire des guirlandes, des oiseaux bleus et jaunes, comme sur la faïence,
il y aurait, je ne saurais dire comment, un bassin de marbre veiné de rose, une margelle de granit et une source si fraîche qu'une claire douleur percerait le front, entre les sourcils, des buveurs trop avides
il y aurait concorde sans ennui,
il y aurait l'impossible.

Texte et image de Brigitte Célérier



Ce mois-ci, nous coupons clair avec Brigitte Célérier. Coupes claires, loin des affaires budgétaires, et occasion de s'aérer à ses côtés dans une épaisse forêt qui ouvre sur un jardin rêvé. Grand plaisir que d'échanger avec elle, elle qui doute tant, tout au moins autant que moi. Douceur de se retrouver simplement et de couper quelques branches ensemble.
Mon texte chez elle : 
http://brigetoun.blogspot.fr/2013/12/coupons-clair-vases-communicants-de.html?spref=tw

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Vendredi 6 décembre, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.
Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants est également dressée par Brigitte Célérier avec qui j'échange ce moi-ci, est à retrouver et parcourir ici

6 commentaires :

  1. grand merci Anne-Charlotte pour m'avoir proposé cet échange et pour votre accueil

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  2. @brigetoun : oui, c'est en effet un "jardin de merveilles".

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  3. Merci à vous Brigitte ainsi qu'à vous Dominique pour visite et mot. Mais non Brigitte, je vous l'avais bien dit, votre texte n'est pas "sosot"

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  4. J'ai beaucoup aimé cette concorde sans ennui. L'impossible planait, et je sens qu'il va continuer de me survoler, bien plus que le temps de cette lecture imprimée dans mon caillou rond.

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  5. Merci Marilyn pour lecture et mot. Suis heureuse de permettre à ce joli texte de voler jusqu'à vous !

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