08/02/2010

BHL AU BALCON, PAQUES AUX TISONS


Il y a des circonstances éditoriales qui ne laissent présager rien de bon. Février ne trimballe pas « un » mais deux BHL.
Le premier : un pavé jeté dans la mare, soit, mais qui n’ébranlera certainement ni nos certitudes, ni nos convictions philosophiques. Le pavé a certes le mérite de surprendre puisqu’il éclabousse simultanément tous les médias et nous extirpe de la tranquillité d’une burqa dont on commençait à se lasser. Comme la lessive qui lave plus blanc que blanc, les cols proprets du dit intellectuel nous débarrassent des silhouettes noires - qui ont d’ailleurs pour point commun avec le bellâtre, de fréquenter davantage les tribunes des journaux que le terrain.
BHL ou la perplexité du sourcil droit éternellement redressé et la tranquillité des habitudes corporelles, telles les oreilles de Droopy qui s’étirent toujours vers le sol.
Non content de lancer avec une habilité déconcertante ses « Pièces d’identité », tel un Raoult enragé*, dans tous les quotidiens, hebdomadaires et mensuels français, il pose sur les 1300 pages un petit objet qu’il s’imagine probablement être la cerise sur le gâteau de son édifice* intellectuelle : De la guerre en philosophie, annoncé comme le « livre-programme » de la pensée béhachélienne. Aï… La majorité des sains d’esprit s’attendra donc davantage au pire qu’au meilleur.
Il y a toutefois un je-ne-sais-quoi de rassurant dans la contemplation de ces chemises immaculées offertes aux courants d’air et aux fuites cérébrales.
Cet homme là n’a pas froid aux yeux et encore moins au cou. Est-ce que vous chauffez encore chez vous ? La question n’embarrasse certainement pas l’esprit tourmenté de l’ami Bernard-Henry qui arbore dans Paris Match et dans une liquette nécessairement débraillée, avec un naturel douteux et une fierté étonnante, une petite tasse de thé sur un balcon surplombant les toits parisiens. Oui, la scène peut étonner. Détrompez-vous, ce simulacre de réchauffement climatique n’annonce rien de bon.
BHL : c’est au fond comme le Canderel. Cela fait déjà un moment que l’on nous prévient du danger de l’aspartame mais on continue de se sucrer le bec sans subir les méfaits des calories. On sait maintenant que les effets secondaires peuvent aller des simples maux de tête aux tumeurs. Avis aux amateurs, je préfère pour ma part revenir au lourd et bien sucré, par exemple à Kant dont BHL se permet étonnement de se moquer, en le qualifiant « d’enragé du concept ». Preuve quasi-scientifique que parfois il vaut mieux un peu plus que pas assez.
* Pardonnez-moi le pléonasme.
** Nulle crainte si votre esprit a trébuché ici et votre œil cru lire « édifiant ».




Hommage à Jean-Baptiste Botul. Un reportage de Sylvain Bourmeau (MEDIAPART)

2 commentaires :

  1. Que cet homme me hérisse, c'est prodigieux. Mais quelque part, je le remercie pour le comique involontaire qu'il ne cesse de produire avec sa stupéfiante absence de doute sur lui-même, et la grossière interprétation qu'il fait de la grande figure qu'il est intégralement persuadé d'être. Cocteau disait d'Hugo qu'il était "Une espèce de fou qui se croyait Victor Hugo", quand on remplace la grandeur d'Hugo par le trois fois rien de BHL, qui se prend quand même pour BHL, ça ne manque pas de sel. Et parfois, il mime l'autodérision, sans jamais quitter sa posture grandiloquente, la seule qu'il a à son registre, se pensant certainement admirable de recul et très bon camarade... Une perle rare, finalement.

    P.S. : merci Anne-Charlotte de me faire figurer dans les liens de Fragments ecmnésiques (en marge).

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  2. Ce type est un miracle.
    J'admire le courage de sa bêtise et raffole de ses supercheries et impostures intellectuelles.
    BHL n'est pas le seul à se prendre pour un Dieu. Je me suis occupée d'une belle brochette de divinités qui sous prétexte d'avoir publié une petite chose (pas nécessairement déplorable d'ailleurs) finissent par s'embéguiner du succès et devenir imbuvable.

    P.S : il est bien naturel de t'y faire figurer, maintenant que j'ai découvert comment intégrer les liens... Honte à moi...

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