04/10/2009

BUS 325 - 19h52




- Homme blanc. Odeur prononcée de vielle pizza usagée.
- Femme. Carré blond cendré. Petite taille. Trop chargée. Regard inquiet.
- Crâne à moitié dégarnie, de l’espère « rares mèches navigant sur la surface déserte à la poursuite des touffes latérales ». Petite valise commerciale. Air concentré. Lecture managériale, « Challenges » : justification de la décrépitude capillaire.
- Chimpanzé. Jets de grains de maïs dans la bouche et décortication de l’épi. Homme blanc. La pizza c’est du maïs grillé. Pas d’allure mais quelle veine (à penser avec l’accent québécois).
- Maigrichon. Calvitie naissante. Pourrait être le fils du premier pelé. Regard anxieux sur mon carnet : joue dans la catégorie de ceux qui n’obtempèrent jamais devant l'objectif du photographe.
- Regard italien. Dédaigneux. Plutôt beau garçon. Suffisamment maniéré pour être suspecté de travailler dans la mode, la musique, le cinéma et/ou d’être homosexuel. Cheville gauche sur genou droit. Expression nonchalante qui s’affiche sciemment artificielle : une version améliorée des Emmaüs XVIème – rois du contrôle falsifié, de la mèche sauvage étudiée à la laque, du jean hermès troué et de la petite veste faussement dénichée dans un grenier familial.
- Jeune brunette frangée. Trépigne d’impatience en frappant le sol avec ses talons. Excès de maquillage qui corrompt la mignonnerie. Se lève pour sortir et dévoile un cul affolement plat, simple prolongement du dos. Forcément décevant.
- Viel homme noir. Casquette sur le côté. Chemise à carreaux. Cravate tigrée. Grosse lunettes carrées. Veste noire recouverte d’une épaisse parka. Impossible d’épingler ce drôle de gaillard
- Jeune trentenaire. Regard crocodile. Tenue sobre et élégante. Livre entre les mains, carnet et Bic sur les genoux. N’a même pas pris le temps de s’offusquer de l’insistance de mon regard sur sa personne. Accaparé par les mots. Du genre à être du mien. Un peu plus et il apparaît être égoïste, capricieux, insaisissable et fuyant. Alors je m’amourache de l’étranger.

Photographie : Saul Leiter

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