Un loup blanc un peu trop fier trône, le cul bien calé sur un paillasson, devant le salon.Le gardien laisse tout passer : Cerbère de pacotille.On peut, à regret, sans pénétrer dans la géhenne, tout voir derrière les larges bais vitrées :
sourire édentée de la « patronne », portrait d’un des frères Bogdanov planté au-dessus de la caisse invitant étrangement les badauds à venir se défaire de leur tignasse, série de mémères à chienchiens réparties inégalement dans l’espace, l’une qui fait coucou au toutou tout blafard qui l’attend dehors, cheveux blancs éparpillés sur le carrelage fissuré, petits tabourets tournoyant aléatoirement aux environs des âmes déchues, deux séductrices de bas-étages – probablement des collègues – espérant la levée prodigieuse des masses capillaires exaucée par le Saint Brushing, miroirs constellés de taches, en-dessous, le grand bar à cosmétiques où les tifs peuvent s’enivrer des fioles remplies d’huiles et diverses produits de soin, coiffeuse blonde délavée, un crâne presque dégarni tente un revival de séduction avec les gros seins à la cornette dorée, des tablettes colonisées par les épingles, pinces, chouchous et bigoudis, ciseaux rouillés en vadrouille, plus loin dans le ventre de la bête, entre ses intestins, des grosses brosses en nylon livrent bataille à une calotte ecclésiastique qui habille la caboche d’un protagoniste pourtant mécréant, une petite machine incandescente stérilise à coup d’UV les outils de tonte et découpage, mariée enchignonnée et ses tortillons intestinaux figés au-dessus du front, un vieil homosexuel - circoncis par souci d’hygiène – manie le peigne en céramique aussi habilement que le chef d’orchestre agite sa baguette, la misère sublimée par une série de spots suspendus au plafonnier, les étincelles de laque sur la mèche d’un quadragénaire ringard.
Le transit est encombré. Le regard ne sait plus où s’arrêter.
Il est pris aux piège de cette épaisse bedasse velue et adipeuse.
Il est entraîné dans les boyaux.
L’esprit affolé s’agite sous les orbites.
Le temps passe trop vite, avec lui l’impossibilité de reculer.
Oh pétard ! ça me donnerait presqu'envie d'aller chez le coiffeur pour retrouver les images sous tes mots !
RépondreSupprimerEn parlant d'images, les illustrations sont également superbes.
Bravo!
C'est l'effet des gros seins à la cornette dorée, ça probablement !
RépondreSupprimerLes images sont de Rebecca Rijsdijk
Pour en voir plus, suivre le lien :
http://www.rebeccarijsdijk.com/
+++ Merci +++
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