26/06/2008

COUPS DE SANG



Mes proches ont dorénavant pris l’habitude d’enrichir leur vocabulaire des mots du théâtre. La Castafiore est bien souvent enragée. La grosse oie ankylosée gesticule d’un bout à l’autre des pièces qu’elle emplit. J’exècre pourtant ces personnalités nombrilistes qui crient au loup à la moindre douleur et attendent tant des autres. J’observe avec consternation le drame qui se joue à mes pieds. Mon ombre a tout d’une grande depuis qu’elle se pique au jeu d’arborer tous les contours paternels. C’est en le haïssant davantage que je suis parvenue à me défaire de son emprise. Mais le diable est culoté. Il a su implanter son venin dans les recoins organiques. Il n’est pas nécessaire de chercher des explications sibyllines à la hauteur de l’inénarrable trilogie de Park Chan-Wook. La vengeance salope mes veines. Mon sang est très épais. Plein de haine et de rancœur, il circule lentement et se fluidifie ponctuellement le temps d’une crise.
Je culpabilise bien sûr et c’est là le clou du spectacle. Tout comme l’hypocondriaque qui souffre réellement des maux qu’il s’invente, je m’octroie l’affliction au cœur de la quelle je plonge mon entourage. S’excuser serait indécent car rien n’efface les tempêtes ridicules que j’orchestre. Promettre un changement futur serait commette un mensonge éhonté puisque je suis bien incapable de contrôler et encore moins d’expliquer ces coups de sang.

The ShiningStanley Kubrick, 1980, 2h26, Angleterre

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