14/05/2013

VIRGIN, TOUT DOIT DISPARAÎTRE !



Je n’ai jamais porté dans mon cœur la chaîne de distribution « de biens culturels Virgin ».
L’annonce de son dépôt de bilan en janvier dernier m’a toutefois quelque peu tracassée. J’ai alors pensé, comme beaucoup d’autres, que si Virgin tombait, nous - gens du livre et plus généralement des affaires dites culturelles - allions tous finir par suivre le colosse aux pieds à présent argileux.

Il m’est bien sûr arrivé d’y faire l’acquisition de cd, dvd et quelques livres aussi, en désespoir de cause souvent, à l’occasion de cadeaux urgents, faute de temps, de mieux et d’idées. Quand on travaille dans l’édition, on fait généralement assez attention à ces choses là et pour les livres, on privilégie les librairies de quartier, les indépendantes ou les spécialisées.

Je ne m’attarderai donc pas à de vains regrets et nostalgies fallacieuses.

C’est le hasard et l’indignation qui m’amènent ici. Alors que les klaxons retentissent dans le bas des Champs-Élysées et que des petits gars sortent fièrement, le ventre à l’air, des fenêtres et d’un éventuel toit de leurs voitures - démesurément naines au regard de l’exploit sportif - il se passe plus haut un événement tout aussi spectaculaire.

L’after footballistique s’est semble-t-il soldé la nuit dernière par des interpellations, affrontements et violents incidents qui font et feront évidemment les gros titres. La violence physique fait toujours son petit effet et de facto vendre.

Que dire et dira-t-on de celle tout aussi frappante, mais cette fois symbolique, qui assomme le Virgin Megastore des Champs-Elysées et également l’ensemble des magasins du groupe ?

Nous arrivons sur le coup de 18h30. Une affiche annonce en large des soldes « à partir de 50 % sur tout le magasin » et promet 20 % supplémentaires aux clients possédant la carte de fidélité.
Les environs sont déjà dévastés. C’est bien simple, les rayons ont été pillés. En priorité l’électronique, l’informatique et tout ce qui finit en « ique » vendu normalement à prix d’or. Les livres sont épargnés, sauf certains sélectionnés pour le bazardage. On ne sait d’ailleurs trop pourquoi. Plus aucune logique ne semble ici encore faire loi. J’entends un jeune homme qui se moque de son ami « Mais pourquoi t’as pris cette énorme bloc multiprise alors que tu vis dans un minuscule studio ? » L’autre lui répond qu’ « on ne sait jamais », que « ça peut toujours être utile ». Les affamés de consommation font leurs emplettes avant le drame comme on se ravitaille avant l’ouragan ou la tempête.

Pendant ce temps, 700 salariés attendent, sciant la branche sur laquelle ils sont encore assis, de connaître le résultat du plan social par lequel ils sont visés.

Il faut faire la queue au moins une heure pour faire l’acquisition du superflu ou de l’utile à prix cassé mais personne ici ne paraît évidemment se soucier de l’avenir des employés du groupe, ni même ne s’interroger sur la portée d’une telle action. Il faut en profiter en premier lieu et peut-être avant d’être frappé par le laser de la crise. C’est avec écœurement que nous sortons du magasin, ahuris du manque de considération, de responsabilité et je crois d’humanité de ces charognards consuméristes.

  

2 commentaires :

  1. Spéciale dédicace à Virginie, Madame Jay, à qui on pense très fort.

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  2. Oui ! On pense très fort à elle et aux employés de Virgin. C'est une étape difficile. Déjà que la pilule du licenciement n'est pas évident à avaler, cette braderie sauvage est une cerise sur un gâteau étouffe chrétien.

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